
Pourquoi mentir, quand on est TDAH ? Mieux comprendre les motivations
Le TDAH n’est pas un « trouble du mensonge ». Pourtant, les enfants atteints de TDAH semblent mentir plus souvent que leurs pairs. Cela tient à plusieurs facteurs neurologiques et émotionnels :
-
L’impulsivité : Quand l’enfant TDAH parle avant de réfléchir, il peut produire un mensonge sans même en avoir conscience, simplement parce que la parole précède la pensée.
-
La peur des conséquences : Mentir peut être un réflexe pour éviter une punition, une critique ou un sentiment d’échec. Il s’agit souvent d’une stratégie de protection, pas d’une intention malveillante.
-
Masquer les symptômes : L’enfant peut mentir pour paraître plus “normal”, cacher ses difficultés (oubli, agitation, retard) et éviter la stigmatisation.
-
Dysrégulation émotionnelle : L’enfant TDAH peut préférer mentir pour éviter une confrontation, protéger l’estime de soi ou apaiser une situation émotionnelle tendue.
En résumé, le mensonge n’est pas un signe de malveillance, mais souvent un mécanisme d’adaptation neurocognitif et émotionnel.
Est-ce fréquent ? Ce que révèlent les études sur le mensonge chez les enfants TDAH
Plusieurs études confirment que les enfants atteints de TDAH mentent davantage que leurs camarades :
-
Auprès de la University of New South Wales, le Pr. Mark Dadds a observé que les enfants TDAH montrent un taux de mensonge supérieur, lié à l’impulsivité et aux difficultés de contrôle de soi.
-
Une étude du Child Mind Institute de New York montre une activation réduite des régions cérébrales associées au contrôle cognitif et à la prise de décision chez les enfants TDAH, ce qui les rend moins capables d’inhiber un mensonge impulsif.
-
Sources synthétiques soulignent que ces enfants sont « wired differently » : des troubles des fonctions exécutives comme l’inhibition ou la mémorisation à court terme favorisent l’apparition de mensonges parfois spontanés.
Mon enfant TDAH ment… mais pourquoi, et comment réagir ?
« Il a juste parlé avant de penser »
Dans certains cas, le mensonge est purement impulsif : l’enfant n’a même pas conscience de mentir. Il répond vite, sans filtrer, sans se rendre compte des mots qui sortent.
« Il veut éviter la honte ou la punition »
Admettre une erreur ou un oubli peut générer une grande anxiété. Mieux vaut inventer une excuse — même minime — que faire face à une réprimande. C’est une stratégie instantanée pour éviter la douleur émotionnelle.
« Il cherche à se protéger socialement »
Dans certains milieux ou environnements, admettre ses difficultés est stigmatisant. L’enfant peut mentir pour cacher un symptôme, éviter d’être perçu comme « différent » ou d’attirer l’attention.
Mensonges + comorbidités : attention à l’effet cumulé
Beaucoup d’enfants TDAH présentent d’autres troubles associés : anxiété, troubles de l’apprentissage, troubles du comportement ou oppositionnels (TOP).
Ces comorbidités augmentent le stress, la culpabilité et les difficultés émotionnelles, créant encore plus de tentations à mentir. Il est essentiel de repérer ces troubles secondaires, car adresser uniquement le mensonge sans tenir compte du TDAH global risque d’être inefficace.
Est-ce grave ? Que disent les experts ?
Mentir n’est pas pathologique en soi… mais lorsqu’il s’installe comme une habitude, cela peut fragiliser la confiance et la communication parent-enfant.
L’organisation CHADD (organisation américaine) rappelle que ce comportement n’est pas moralement déficient : pour l’enfant, mentir sert à se protéger, à se sentir moins vulnérable.
Non, ce n’est pas grave… si on le comprend et qu’on y répond avec bienveillance.
7 stratégies efficaces pour accompagner l’enfant TDAH qui ment
-
Comprendre avant de juger : considérer le mensonge comme un symptôme, pas une faute de caractère.
-
Encourager la vérité avec bienveillance : valoriser quand l’enfant dit la vérité, même sur de petits sujets embarrassants.
-
Instaurer des repères clairs et rassurants : moins de punitions, plus de phrases comme « Tu peux me dire la vérité, je suis là pour t’aider ».
-
Limiter la peur des conséquences : valoriser les efforts d’honnêteté, offrir un retour calme sur les erreurs.
-
Travailler les fonctions exécutives : routines claires, visuels structurants, minuteur visuel… tout ce qui aide l’attention et planification.
-
Identifier les situations à risque : fatigue, stress, devoirs à la dernière minute… sont des déclencheurs fréquents du mensonge impulsif.
-
Faire appel à un professionnel si les mensonges sont persistants, sources de conflits majeurs, ou en lien avec une grande anxiété ou un trouble comorbide.
Témoignage fictif inspiré du réel
Lucie, 9 ans, TDAH avec trouble anxieux. Elle mentait souvent sur ses devoirs : « Je les ai faits, promis ! » alors qu’elle panique à l’idée d’être jugée mauvaise.
Sa maman a changé d’approche :
-
Plus de confrontation, mais un rituel : « Tu peux me dire la vérité, on trouvera la solution ensemble ».
-
Reconnaissance des efforts plus que des résultats.
-
Routines claires pour les devoirs, pauses assurant l’apaisement.
En trois semaines, les mensonges ont nettement diminué. La confiance est revenue, tout doucement.
En conclusion : le mensonge est un signal qu’on peut transformer
L’enfant TDAH ment souvent pour se protéger, pas pour nuire. Sa différence neurologique – impulsivité, dysrégulation émotionnelle, trouble des fonctions exécutives – en sont les causes profondes.
Ce n’est pas grave… tant qu’on ne le voit pas comme une désobéissance, mais comme un appel à l’aide. Avec des outils adaptés, de l’empathie, et un cadre sécurisant, ce comportement peut évoluer vers plus de confiance, de compréhension et de vérité.
Outils pour mieux accompagner
-
Routines & visuels : Organisation & routines pour enfants TDAH
-
Gestion du stress & des émotions : Solutions apaisantes pour TDAH